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ROUEN : Un homme de valeurs

posté le 22/03/2009 par Michel Garcin - Lire l'article de Paris Normandie

TALENT. Déjà un demi-siècle que le père Paul Flament moissonne les banlieues. Mission qui lui vaut distinction.

A 76 ans, il en impose. Silhouette si haute qu’elle plie sous le plafond de la maison abritant les locaux de Fraternité Banlieues et les deux pièces de son domicile. Dans l’agglomération rouennaise, l’association a pignon sur rue. Pas seulement dans la maison de briques de la rue Saint-Julien, mais aussi sur les Hauts de Rouen et à La Sablière, à Canteleu, Darnétal ou Saint-Etienne-du-Rouvray. Au Château-Blanc, le père Flament déboule avec un robot géant dans son Trafic. « Avec sa peinture argentée et son gyrophare, on ne passe pas inaperçus. C’est aussitôt l’attroupement ! » C’est le but recherché par cet homme de foi, scolarisé à Join-Lambert et formé au séminaire. « Le robot pose des questions. S’ils répondent correctement, ils reçoivent des Euros-Frat qui leur permettent d’acheter une boisson, de recevoir un tee-shirt. »

Manoir templier

La semaine dernière, Paul a reçu la médaille d’or Jeunesse et Sports. A Ambourville, dans la boucle de la Seine, où Fraternité Banlieues restaure le manoir templier et ses dépendances depuis l’année 1974. Ses camps de vacances ont vu défiler des milliers de jeunes. « Lors du dernier chantier, j’ai compté seize nationalités. Je leur transmets les valeurs républicaines comme l’égalité garçons-filles, le respect, la liberté. » Liberté citoyenne comme liberté de foi. « Chrétiens et musulmans prient ensemble. Nous avons passé une journée chez les moines de Saint-Wandrille. Le lendemain, nous étions reçus à la mosquée de Canteleu où nous avons assisté à la prière. Nous avons aussi reconstitué quelques scènes de la Révolution française. » Cette ouverture d’esprit, Paul Flament la pratique depuis longue date. En témoignent ses lectures propédeutiques. De celles qui ont changé les mentalités entre la Seconde Guerre mondiale et la guerre d’Algérie. « J’ai beaucoup lu. Les contes de Voltaire mais surtout le théâtre de Sartre. Le non-sens de Sartre a renforcé ma foi ! » Le pape de l’exitensialisme convertissant un enfant de Dieu, l’agité du bocal doit encore s’en retourner dans son linceul d’indignation. Et lorsque l’abbé confie que ses copains de régiment étaient majoritairement « cartés » au Parti, chacun comprendra que le partage l’emporte sur l’idéologie. « L’autre jour, à la piscine, c’est un grand-père maghrébin de 65 ans qui m’a interpellé… Il se souvenait du camp, se rappelait ses souvenirs… » A l’heure où nombreux sont ceux qui prennent le mot « banlieue » en otage, d’autres, comme Paul Flament, lui donnent un visage. PHILIPPE TUAL

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