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Nouvelles du Manifeste

posté le 12/07/2012 par Pierre Mahey -

Rassemblement international de théâtre motivé
Aujourd’hui jeudi, les ateliers se rassemblent à Grande-Synthe pour préparer l’ouverture du Manifeste, demain vendredi à 16 heures au Palais du Littoral à Grande-Synthe.
Si vous n’êtes pas trop loin, ce serait dommage de le rater !
En voici un témoignage, un texte écrit dans le cadre de l’atelier sur les migrants du Mexique et d’Europe animé par Jorge Arturo Vargas.

C’est pourtant pas si loin l’Angleterre…

 

Je dois vous avouer que je déteste parler de moi. Je trouve en fait que cela relève de notre esprit, si nous sommes réservés ou pas.

Je pense l’être, surtout devant des personnes qui me sont inconnues.

J’aime beaucoup lire, de la fiction jusqu’au romantisme en passant par les policiers et les thrillers. J’ai adoré lire des livres tels que Harry Potter ou Percy Jackson, aussi il y a toutes ces histoires de vampires…

Et bien sûr des livres tristes.

J’adore aussi regarder une bonne centaine de fois mes films favoris, surtout les films tristes pour pleurer et lâcher prise. Me libérer.

Je regarde aussi très souvent le spectacle de Kev Adams, que je connais d’ailleurs par cœur.

Par cœur comme les chansons d’Adèle. Des choses magnifiques. Adèle qui est une chanteuse anglaise.

Anglaise.

Ce qui fait le lien avec mon rêve, vivre en Angleterre.

C’est un rêve que je réaliserai mais il me faudra du courage pour quitter les miens, car dans ce bateau, je serai seul…

Quelque part, aujourd’hui, je suis entouré, mais je me recroqueville sur moi-même, dans la lecture et dans les films…

Je souhaite vivre en Angleterre car j’aime leur culture, j’adore leur langue, leur esprit.

C’est pourtant pas si loin l’Angleterre…

Kadir aussi voulait la conquérir, pas pour les mêmes raisons, lui a quitté son pays pour fuir la guerre et les violences, aussi il s’est retrouvé coincé à Calais, il a perdu son identité, il voulait aller en Angleterre pour être libre et retrouver cette identité.

La première fois que je l’ai vu, c’était à la gare centrale, en hiver, il avait un bonnet et des gants trop grands.

Il se réchauffait à la gare. Ici, à Calais il n’était pas heureux. Il n’a jamais eu de logement fixe, ni d’électricité, il ne se lavait pas souvent, il ne pouvait pas…

Il était en totale immersion dans la nature.

Il ne méritait pas ça, il était humain comme vous et moi, mais la différence est que lui vivait dans des conditions inhumaines.

Vous voyez, cette cabane, elle est faite de palettes, de bâches, de détritus, elle est détruite ! Ils n’avaient pas le droit, c’était sa cabane !

Elle se situait dans la jungle.

Je ne sais pas si son rêve a fini par se réaliser, au jour d’aujourd’hui, je n’ai plus de ses nouvelles depuis 6 mois.

Est-il en Angleterre, ce n’est pas si loin l’Angleterre. Ou alors est-ce qu’on l’ a reconduit chez lui ?

En tout cas, il n’est plus à Calais.

C’est pourtant pas si loin l’Angleterre…

Notre rêve était commun, nous souhaitions tous les deux vivre au Royaume-Uni

Kadir, si tu m’entends, donne-moi de tes nouvelles ?

Lucas MASSON, 15 ans, Calais

Le Manifeste