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15-M, de l'indignation à l'action

posté le 17/05/2012 par Pierre Mahey -

Le mouvement du 15 mai réveille la société civile

Un an après son apparition spontanée, le mouvement des “indignés” n’est pas mort, loin s’en faut. Il a donné naissance a une multitude d’initiatives populaires qui remplissent les vides laissés par le désengagement de l’Etat.

Des indignés de la Puerta del Sol. Sur la pancarte: "J'en ai marre de payer pour des assiettes que je n'ai pas cassées". AFP PHOTO / Jaime Reina

Des indignés de la Puerta del Sol. Sur la pancarte: “J’en ai marre de payer pour des assiettes que je n’ai pas cassées”. AFP PHOTO / Jaime Reina

Un lundi de juillet 2011, à Madrid. Comme toutes les semaines, une réunion du groupe de San Blas se tient à 18 heures. C’est l’une des assemblées locales d‘“indignés” qui existent encore. Ce jour-là, une quarantaine de personnes étaient rassemblées à Plaza Blanca pour parler de la création d’une “banque du temps”, un système permettant d’échanger des services entre voisins sans faire appel à l’argent. Israël, un informaticien, y a eu recours le jour même : il avait besoin de faire poser des rideaux chez lui. Dans l’assemblée se trouvait également Flori, une ancienne couturière de 56 ans. Ils ont trouvé un accord car elle aussi avait besoin de quelqu’un, pour jeter un œil à son ordinateur. Aujourd’hui, Sinergias Cooperativa San Blas est une coopérative qui compte trois plombiers, deux électriciens, huit professeurs, trois commerciaux, deux conducteurs, un couvreur, un ébéniste, un vendeur, deux gardiens d’immeuble, trois assembleurs et deux jardiniers.
Depuis le soulèvement populaire du 15 mai 2011, une partie du mouvement dit du 15-M est passée de l’indignation à l’action. Les plus actifs ont continué à se réunir sur les places des villes et des villages, à organiser des assemblées et à partager leurs problèmes. Puis, en octobre dernier, date à laquelle le mouvement s’est étendu au monde entier, ils ont commencé à chercher des solutions. Mine de rien, le 15-M prend de plus en plus d’importance dans les quartiers. Chaque assemblée qui a lieu dans chaque quartier signifie que, chaque semaine, des personnes se réunissent pour trouver des solutions. Et tous ces cerveaux imaginent ensemble de nouvelles idées, de nouvelles initiatives.

Têtes connectées

Voilà comment fonctionne le 15-M : ce sont des milliers de têtes connectées, sur les places publiques et sur les réseaux sociaux, qui cherchent à sortir de la crise. Alors que l’Etat-providence disparaît précisément au moment où le patient a le plus besoin de lui, on entrevoit la naissance d’une économie parallèle, souterraine, alternative. Les temps sont durs : un quart de la population espagnole est au chômage.

Grâce à ce mouvement , de nombreux réseaux de soutien ont vu le jour, comme le réseau d’assistance mutuelle du quartier madrilène d’Aluche : tous les jeudis et vendredis, cette association collecte le surplus des commerces et des restaurants, puis, le vendredi après-midi, elle distribue ces marchandises aux personnes du quartier qui en ont le plus besoin. Il existe aussi les initiatives du mouvement Rurales Enredaxs, qui tente de jeter des ponts entre les villes et les villages pour promouvoir la création de jardins écologiques, qui réduisent la dépendance alimentaire. On peut aussi évoquer les petits marchés de troc, comme celui qu’organise le groupe du quartier madrilène de Concepción (qui a également lancé un jardin écologique) : le dernier dimanche de chaque mois, les habitants vont au parc Calero pour échanger livres, jouets, vêtements et autres objets, sans recourir à l’argent.

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